Hacked By Awad Sahar

Bruno Yvonnet



« la télévision est aujourd’hui quasi totalement régie par une logique marchande. Exceptées de rares chaînes dites culturelles, ce qui est vu par le plus grand nombre se compose d’objets spectaculaires, générant divertissement, « entertainment », détente et consommation plutôt que réflexion sur soi et/ou le monde. Tout ce que cadre ce média, culture, individus, événements, est transformé en biens de consommation. Déformation systématique de ce qui est télé-diffusé : le monde/la « réalité » sont monstrés plutôt que montrés, et toujours au présent, immédiats, accessibles en prise directe

l’image télévisuelle (la technicisation générale transforme le monde en monde d’images) accompagne de plus en plus l’expérience, voire s’y surimpose. Toute-puissance des chemins déjà balisés, du commentaire ou de la critique qui précèdent et souvent remplacent confortablement le vécu sensible

moyen majeur de communication et d’identification, la télévision est l’instrument de l’économie marchande et spectaculaire. Banalisant les contenus, unifiant les temps individuels de chacun en temps collectif hyper-synchronisé (4), les industries de programmes tendent à détruire les désirs propres à chaque être pour les transformer en pulsions grégaires »

Tienes un aspecto magnifico / France, Uruguay, 2000, Sept épisodes, 57’10 min

Les productions audiovisuelles bas de gamme, souvent fabriquées sur le continent sud américain, et notamment les soaps ici détournés reflètent les carences en créativité d’un marché mondial implacable : celui des programmes télévisés destinés aux masses. Les dialogues réécrits, interprétés sur un ton similaire ou presque aux soaps originaux, émanent d’un champ lexical qui n’a que peu de place dans la fiction : l’économie internationale et ses politiques monétaires. Le décalage produit des sens multiples : user des plus faibles artifices du drame, les associer à une réalité économique qui devient fictionnelle ; ou encore, rappeler à l’individu sa dimension de marionnette manipulée par les discours et les images. Avec l’aimable autorisation de Bruno Yvonnet - Galerie José Martinez, Lyon